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Jérôme Dupin

Jérome Dupin, "Acrylique : toile", 2010
acrylique sur toile,
200 x 160 cm

Né en 1956 à Lisieux (Normandie)
Vit et travaille à Paris

Jérome Dupin a étudié à la Villa Arson (Nice) après des études de sciences économiques et de sociologie politique à l'Université Paris II. Il a ensuite enseigné dans plusieurs Écoles Nationales Supérieures d'Art.
Depuis 2009, il travaille au Ministère de la Culture, principalement sur l'enseignement supérieur et la recherche artistiques au sein des écoles d'art, en tant qu'inspecteur de la création artistique.


Jérôme Dupin ou l'art d'une peinture faussement contrainte

Pour caractériser l’attitude artistique de François Morellet, Marie- Amélie Zu Salm Salim avait titré son texte "Conviction et frivolité dans l’œuvre systématique de François Morellet" ; Il me semble que cette heureuse formule est totalement transférable à la position de Jérôme Dupin, qui sous la légèreté du dandy, toute d’humour distancié – il dit souvent "c’est rigolo" en parlant de ses tableaux – réalise une œuvre rigoureuse d’une extrême cohérence, exigeant pour ce faire une force de conviction peu commune.

Très marqué par l’œuvre d’Hantaï, et ses propos sur l’art, Dupin a retenu du peintre hongrois la leçon selon laquelle « c’est l’ouverture sur le non peint qui porte la peinture », et s’est attaché à traduire cette idée dans sa peinture en travaillant le rapport entre le blanc de la toile et la forme colorée qui se découpe dessus, sans qu’il soit toujours possible pour le regardeur de décider ce qui est la forme et ce qui est le fond.

D’autant que, dans certaines pièces, le blanc de la toile constitue la forme centrale du tableau et se trouve donc utilisé comme couleur principale.

Face au problème du sujet – "quoi peindre ?" – qui taraude les artistes depuis plusieurs décennies, Dupin a adopté un système qu’on pourrait considérer a priori comme stérilisant, et qui consiste à délimiter sur la toile qui va être peinte un rectangle formé par les côtés d’un châssis imaginaire du même format posé de biais sur la toile. La couleur est alors posée soit dans l’espace intérieur du rectangle ainsi formé, soit au contraire dans les angles extérieurs au rectangle central demeuré blanc, par l’effet du décalage opéré.

Cette démarche frivole et ludique, qu’on pourrait qualifier de rigolote suivant le vocabulaire Dupinien, – au fait, il me revient que Jérôme Dupin est l’arrière petit-fils de Georges Courteline : bon sang ne saurait mentir – n’est pas sans rappeler dans le domaine de la littérature les contraintes de l’Oulipo, ou pour rester dans celui des arts plastiques, les démarches des nombreux mouvements de la 2e moitié du XXe siècle.

Comme beaucoup d’artistes qui s’imposent des règles et des procédures, Dupin confirme l’adage selon lequel la liberté ne peut s’exercer que dans la contrainte, ce qui est particulièrement évident depuis deux ou trois ans puisqu’on assiste à un véritable feu d’artifice dans le travail de Jérôme Dupin qui invente jour après jour de nouvelles et étonnantes propositions dans le respect strict de sa règle du décalage.

Aussi la visite de son atelier provoque chez le visiteur fatigué par la morosité des temps, un sentiment d’euphorie par la fraîcheur et la tonicité des couleurs utilisées et les combinaisons formelles apparemment illimitées.

L’exposition de l’Hôtel des Arts peut être appréhendée sous trois aspects. D’abord l’intérêt que présente individuellement chaque pièce, ensuite la combinaison des œuvres dans chaque salle pour former une unité dans l’espace, enfin l’installation dans les neuf salles qui constitue une œuvre en soi. Si le résultat est conforme à ce qui a été imaginé, cette visite devrait constituer un pur moment de bonheur esthétique, comme on pourrait l’éprouver par exemple dans une exposition d’Ellsworth Kelly car Dupin pense ses œuvres pour l’espace qui les entoure.

Pour devise, et avec un humour qui masque sa pudeur, tout à fait dans la façon d’Oscar Wilde, il revendique la formule de Duchamp "Un ready- made de temps en temps, ça suffit", une nonchalance que contredit l’intensité de sa réflexion et de son travail.

Gilles Altieri, directeur de l’Hôtel des Arts, commissaire de l’exposition
Propos tirés du dossier de presse de l'exposition présentée à l'Hôtel des Arts de Toulon, 2010

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